Hatikva (musique)
Cette semaine nous vous propose une “balade musicale” sur cet hymne qui nous touche tellement. Comme nous l’avons vu la semaine dernière, le poème Tikvathenou écrit par Naftali Herz Imber est publié en 1886, dès 1887 enthousiasmé par les vers du poème patriotique, un certain Samuel Cohen propose de lui accoler une mélodie.
Samuel Cohen (1870-1940) est un musicien moldave né en 1870 à Ungheni (Bessarabie), il a immigré en 1878 en Palestine dans la ville de Rishon LeZion, il y a vécu jusqu’à sa mort en 1940.
Pour sa mélodie, Samuel Chen s’est inspiré par le thème principal du poème symphonique Vltava (appelé également : La Moldau), du compositeur tchèque Bedřich Smetana (1874). Mais c’est plus compliqué que cela. Smetana lui-même reconnaissait s’être inspiré de différents airs populaires d’Europe de l’Est. Mais desquels ? Thea Herz opère un remarquable voyage musical au travers de toutes les sources dont peut se revendiquer Hatikva, que je partage avec vous :
La Moldau
En commençant par la France, et Camille Saint-Saëns, dont la rhapsodie sur des cantiques bretons (1866) ressemble énormément au motif de la Moldau.
A moins que ce soit… de la 8e variation de « A vous dirais-je maman », que composa Mozart en 1785 (passer à la minute 3:56)
Mozart lui-même n’aurait-il pas fait un emprunt à Louis-Claude Daquin, claveciniste et organiste du roi et son Noël Suisse (1757)
Ce serait oublier que la famille de Daquin est d’ascendance juive, d’Aquino, et que là-bas, ses grands-parents ont pu être exposés à la musique du Ballo di Mantova.
Cette origine est illustrée par la pianiste Astrith Baltsan dans l’interview qu’elle donne dans cette vidéo.
Des interprétations historiques
Le web regorge d’interprétations historiques de Hatikva. En voici quelques unes des plus remarquables :
La soprano Alma Gluck et le violoniste Efrem Zimblalist, dans ce qui semble être la première interprétation enregistrée sur un disque, paru en 1918.
Al Jolson, l’interprète de Jazz Singer
Les enfants d’une école de Munkacs, en Hongrie, en 1933. Peut-être l’interprétation la plus poignante, quand on pense à ce qui s’est produit en Europe quelques années plus tard.
L’interprétation terrible quelques jours à peine après la libération du camp de Bergen-Belsen, avec l’aide d’un chapelain de l’armée britannique.
L’interprétation qui suivit la déclaration d’indépendance par David Ben Gourion, en 1948, quelques minutes avant l’entrée de shabbat.
Leonard Bernstein lors d’un concert donné peu après la guerre des six jours, sur le Mont Scopus.
Nous avons tous, en nous, une interprétation de Hatikva que nous portons toute notre vie.
Laquelle ?
Cela dépend de ce que vous avez vécu jusque là…
Merci à Théa Herz pour cette balade musicale
Laurent Hajdenberg – ULIF Marseille – septembre 2020