Genèse d’un Emblème

Histoire & histoires du Peuple Juif

Il y a 73 ans, le 10 février 1949, l’État d’Israël proclamait son emblème officiel.
La décision et le choix de cet emblème n’a pas été facile, ni simple :
L’emblème officiel a été adopté neuf mois après l’Indépendance de l’État; il a depuis paru sur des documents officiels, sur le standard présidentiel et sur les bâtiments publics en Israël et à l’étranger. Au cours du processus de conception de l’emblème, de nombreuses propositions incluant les symboles jugés appropriés pour représenter le peuple juif dans son État de renaissance ont été examinées.
Une grande importance était accordée à la symbolisation de la continuité et de l’accomplissement du rêve sioniste sous l’emblème d’Israël.
Alors que le drapeau avait été créé en diaspora par des rêveurs, l’emblème était conçu en Israël par ceux qui avaient réalisé le rêve. Parce qu’il devait intégrer des éléments symboliques, les concepteurs ont senti un lourd sens à la mission et beaucoup de responsabilité. Pour ne pas imiter les emblèmes des pays européens et en créer un unique, des symboles visuels anciens des périodes antérieures de la souveraineté juive ont été recherchés. Le processus de conception fut long, car deux forces presque antithétiques essayèrent de dicter le caractère de l’emblème – les valeurs religieuses et rituelles, d’une part – les normes laïques et souveraines, d’autre part.

En juin 1948 (un mois après la création d’Israël), le Conseil d’État provisoire lance un concours pour concevoir l’emblème de l’État, 450 dessins soumis par 164 participants sont étudiés par un comité spécialement constitué pour ce grand projet, mais le comité ne tombant pas d’accord et il a été décidé d’inviter de nouvelles idées pour l’emblème de l’État.
Cette fois, 131 personnes ont répondu à l’avis dans la presse et la plupart des dessins incorporaient le motif de la Ménorah. Comme l’avis s’adressait au grand public, les propositions provenaient de tout le pays et de personnes de tous les horizons.
Le comité a décidé que la Ménorah à sept branches devrait être l’un des éléments de l’emblème, mais chaque membre avait ses propres idées quant aux autres éléments, par exemple des bougies ou le “Lion de Juda” devraient être inclus, d’autres ont proposé une corne de bélier (shofar), un cédrat et un loulav, les tables de la loi, des Magen David, des oliviers et des colombes . . .
Voici quelques-uns de ces projets envoyés par les Israéliens ayant répondu à ce concours :

Au final seuls quelques propositions retiennent l’attention du comité

Une Ménorah chargée d’histoire . . .
Mais une question se pose : quelle Ménorah pour l’emblème ? car plusieurs représentations différentes existent (en voici quelques unes) :

finalement le choix s’est définitivement arrêté sur celle de l’Arc de Titus.

Le choix définitif :
Le projet gagnant est celui des frères Gabriel et Maxim Shamir avec une Ménorah en son centre, une branche d’olivier de chaque côté et le mot «Israël» reliant les branches en bas, mais le comité demande aux frères Shamir de changé leur Ménorah jugé trop “moderne” :

par celle représentée sur l’arc de Titus, par contre les branches d’oliviers «stylisées» de chaque coté sont maintenues, le troisième symbole sur l’emblème est l’inscription Israël, on remarque également que les étoiles de David ont été supprimées

le projet pour l’emblème des frères Shamir est inspiré des versets de la prophétie de Zacharie (chapitre 4) :
«Puis l’ange qui a parlé avec moi est revenu et m’a réveillé, comme quelqu’un qui s’est réveillé du sommeil. Il m’a demandé : «Que voyez-vous?» J’ai répondu: «Je vois un chandelier en or massif avec un bol en haut et sept lampes dessus, avec sept canaux vers les lampes. Il y a aussi deux oliviers à côté, l’un à droite du bol et l’autre à sa gauche»
en voici une magnifique illustration dans la bible de Cervera (Espagne) en 1300.

Mais qui sont les gagnants ? ci-dessous une brève biographie des frères Shamir :

Guttel (Gabriel)(1909-1992) et Maxim (1910-1990) Sheftelowitz (plus tard Shamir) sont nés à Liepāja (Libau), en Lettonie. Les deux frères ont étudié le graphisme et le design à la Kunstgewerbeschule de Berlin-Charlottenburg, en Allemagne – Gabriel en 1926-30 et Maxim en 1928-33. En 1934, ils ouvrent un studio de graphisme à Riga, en Lettonie, mais l’année suivante, ils émigrent en Palestine. Les frères sont arrivés lors de la cinquième Aliyah. Ils ont créé le Shamir Brothers Studio sur le boulevard Rothschild à Tel Aviv et ont commencé à concevoir des affiches. En 1935, les Shamir ont co-fondé la Society of Hebrew Graphic Artists à Eretz Israël.
Leurs créations sont nombreuses, elles sont commerciales et publicitaires mais également officielles, en plus de l’emblème de l’État, ils ont conçu des timbres, des médailles et billets de banque pour la jeune nation d’Israël.

Le jeune état d’Israël a maintenant son emblème officiel !

Laurent Hajdenberg – ULIF Marseille – février 2022

Simon Wiesenthal

Simon Wiesenthal nait dans une famille juive le 31 décembre 1908 à Buczacz (empire austro-hongrois), aujourd’hui en Ukraine. Il est décédé en 2005 à l’âge de 96 ans, il a été inhumé à Herzliya en Israël.

Au gré des évènements de la Première guerre mondiale puis de ses études, Wiesenthal a vécu à Buczacz, à Prague en Tchécoslovaquie à Vienne en Autriche et à Lvov en Pologne. Après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie en 1939, il fut déporté dans plusieurs camps de travail et de concentration dont ceux de Janowska, Płaszów et Mauthausen. Wiesenthal sera finalement libéré par l’armée américaine le 5 mai 1945. Il pèse alors à peine plus de 40 kg.

D’emblée, Wiesenthal aide les services américains à dresser des listes de criminels de guerre nazis et à les identifier. En février 1947, il participe à la fondation à Linz (Autriche) d’un centre de documentation (recueil des témoignages de déportés), qui fermera du fait du manque de volonté des alliés de poursuivre le travail de dénazification, l’enjeu politique de l’époque se centrant désormais sur la Guerre froide et les alliances à nouer dans ce nouveau cadre géopolitique. Mais Simon Wiesenthal, qui a perdu des dizaines de membres de sa famille pendant la Shoah, a trouvé le but de sa vie et ne cessera plus de rechercher les responsables de l’extermination des Juifs qui n’ont pas été jugés à l’issue de la Seconde guerre mondiale. C’est ainsi qu’il restera dans l’histoire comme le plus célèbre chasseur de nazis.

Simon Wiesenthal est un personnage très controversé car il s’est souvent contredit dans ses biographies et s’est attribué beaucoup de succès largement exagérés, néanmoins son engagement et son travail sont reconnus et salués par le monde entier.

De nombreux films font références à Mr Wiesenthal et des acteurs célèbres ont interprété son personnage, comme Laurence Olivier dans «Ces garçons qui venaient de Brésil». Ben Kingsley le joua également dans le téléfilm Murderers Among Us: The Simon Wiesenthal Story en 1989.

En 1977,le rabbin Marvin Heir fonda une organisation pour la préservation de la mémoire de la Shoah et la lutte contre l’antisémitisme, grâce aux dons des philanthropes Samuel Belzberg et Joseph Tennenbaum. C’est tout naturellement qu’il demanda à Simon Wiesenthal d’utiliser son nom, ainsi fut créé Le centre Simon-Wiesenthal de Los Angeles.

Le centre fut influent dans l’abrogation de la prescription pour les crimes nazis et continue la traque des anciens criminels.

En 1998, Simon Wiesenthal a dit à son ami le Rabbin Marvin Heir :′′ J’ai un souhait non satisfait, de faire une fête à l’hôtel impérial. car c’était l’hôtel préféré d’Hitler et qu’Hitler et Himmler avaient des suites permanentes là-bas. Ils ont construit d’énormes bunkers sous l’hôtel, qui existe encore aujourd’hui, parce qu’Hitler pensait que cela servirait de quartier général idéal d’où il pourrait mener la Seconde Guerre mondiale.Pendant le Troisième Reich, il aurait été impensable, qu’un juif soit vu à l’hôtel impérial.»

Hôtel Impérial Vienne
Hôtel Impérial Vienne

et il continua :′′ Et je veux m’assurer, que tous les tabous du troisième Reich sont battus et que sur le livre d’or de cet hôtel soit inscrit que Simon Wiesenthal a fêté son 90ème anniversaire ici avec un dîner casher et de la musique yiddish

Simon Wiesenthal - Hôtel Impérial de Vienne- 31 décembre 1998
Simon Wiesenthal - Hôtel Impérial de Vienne- 31 décembre 1998

Le soir du dîner ce 31 décembre 1998, quand le groupe jouait sa chanson yiddish préférée, ′′ Belz, Mein Shtele Belz ′′ , il regarda le plafond, s’est tourné vers le Rabbin et lui a dit : ′′ Vous voyez même les lustres tremblent, parce que c’est la première fois qu’ils entendent une telle musique ici, Hitler n’est plus là, mais même à l’hôtel impérial, les Juifs sont toujours en vie et chantent encore. ′′

 

Laurent Hajdenberg – ULIF Marseille – décembre 2021

Hatikva (musique)

Cette semaine nous vous propose une “balade musicale” sur cet hymne qui nous touche tellement. Comme nous l’avons vu la semaine dernière, le poème Tikvathenou écrit par Naftali Herz Imber est publié en 1886, dès 1887 enthousiasmé par les vers du poème patriotique, un certain Samuel Cohen propose de lui accoler une mélodie.
Shmuel Cohen

Samuel Cohen (1870-1940) est un musicien moldave né en 1870 à Ungheni (Bessarabie), il a immigré en 1878 en Palestine dans la ville de Rishon LeZion, il y a vécu jusqu’à sa mort en 1940.

Pour sa mélodie, Samuel Chen s’est inspiré par le thème principal du poème symphonique Vltava (appelé également : La Moldau), du compositeur tchèque Bedřich Smetana (1874). Mais c’est plus compliqué que cela. Smetana lui-même reconnaissait s’être inspiré de différents airs populaires d’Europe de l’Est. Mais desquels ? Thea Herz opère un remarquable voyage musical au travers de toutes les sources dont peut se revendiquer Hatikva, que je partage avec vous :

En commençant par la France, et Camille Saint-Saëns, dont la rhapsodie sur des cantiques bretons (1866) ressemble énormément au motif de la Moldau.

A moins que ce soit… de la 8e variation de « A vous dirais-je maman », que composa Mozart en 1785 (passer à la minute 3:56)

Mozart lui-même n’aurait-il pas fait un emprunt à Louis-Claude Daquin, claveciniste et organiste du roi et son Noël Suisse (1757)

Ce serait oublier que la famille de Daquin est d’ascendance juive, d’Aquino, et que là-bas, ses grands-parents ont pu être exposés à la musique du Ballo di Mantova.

Cette origine est illustrée par la pianiste Astrith Baltsan dans l’interview qu’elle donne dans cette vidéo.

Des interprétations historiques

Le web regorge d’interprétations historiques de Hatikva.  En voici quelques unes des plus remarquables :

La soprano Alma Gluck et le violoniste Efrem Zimblalist, dans ce qui semble être la première interprétation enregistrée sur un disque, paru en 1918.

Les enfants d’une école de Munkacs, en Hongrie, en 1933. Peut-être l’interprétation la plus poignante, quand on pense à ce qui s’est produit en Europe quelques années plus tard.

L’interprétation terrible quelques jours à peine après la libération du camp de Bergen-Belsen, avec l’aide d’un chapelain de l’armée britannique.

L’interprétation qui suivit la déclaration d’indépendance par David Ben Gourion, en 1948, quelques minutes avant l’entrée de shabbat.

Leonard Bernstein lors d’un concert donné peu après la guerre des six jours, sur le Mont Scopus.

Nous avons tous, en nous, une interprétation de Hatikva que nous portons toute notre vie.
Laquelle ?
Cela dépend de ce que vous avez vécu jusque là…
Merci à Théa Herz pour cette balade musicale
Laurent Hajdenberg – ULIF Marseille – septembre 2020

Hatikva (paroles)

L’Hatikva élève les cœurs depuis son écriture, vers la fin du XIXe siècle, et a donné voix à l’espoir vieux de 2000 ans, grâce à sa mélodie émouvante et au langage quasi biblique utilisé par le poète.

Aujourd’hui découvrons ensemble l’histoire fascinante de cette Hymne en commençant par le texte, la semaine prochaine nous ferons une balade musicale dans sa mélodie.

Naftali Hertz Imber, Palestine. Jusqu’en 1887. Musée Rishon LeZion

Naftali Hertz Imber est né en 1856 Złoczów (surnommée la cité des poètes), cette ville est représentative de la complexité de cette région : lors de sa naissance, cette ville était situé dans l’empire d’Autriche et sa région s’appelait la Galicie, mais elle a été aussi Polonaise, aujourd’hui elle se située en Ukraine !
Naftali Herz Imber est un poète juif écrivant en hébreu. Il fait partie de la génération des Maskilim qui participent activement au renouveau national juif.
Imber écrit ses premiers poèmes dès l’âge de 10 ans et lorsqu’il en a 20, l’Empereur François-Joseph le récompense pour son poème commémorant le centenaire de l’annexion de la Bucovine à l’Empire d’Autriche.
Alors qu’il est l’hôte d’un érudit juif à Iași, en Roumanie, Imber écrit en 1877 la première version du poème Tikvahtenou (Notre espoir). C’est un an plus tard, en décembre 1878, qu’il rédigera la version définitive de ce poème qui exprime l’espoir des Juifs, vieux de 2.000 ans, de revenir en Terre d’Israël, d’y restaurer leur nation souveraine.
En 1882, Imber immigre en Palestine, où il devient le secrétaire particulier de Laurence Oliphant, ce diplomate et journaliste 
britannique était un auteur et un mystique chrétien messianique qui soutenait avec enthousiasme le retour des Juifs à Eretz Yisrael. Imber accompagna Sir Oliphant et sa femme Alice à Eretz Yisrael et y resta avec eux de 1882 à 1887, années qui coïncidèrent avec la première Aliyah (la première grande vague d’immigration sioniste européenne vers ce qui est aujourd’hui Israël entre 1882 et 1903). Sur place, Imber fréquente le mouvement des Amants de Sion (Hovevei Tzion), qu’il admire pour son esprit pionnier. Enthousiasmé par la verve patriotique de 
Tikvahtenou repris dans Barkai (L’étoile brillante du matin), le premier recueil de poèmes publié par Imber à Jérusalem en 1886, la musique sera composée en 1888 (nous en parlerons la semaine prochaine).
Des sources contemporaines rapportent qu’Imber était un personnage haut en couleur qui aimait chanter et visiter les diverses communautés agricoles fondées par les immigrants. Après avoir mangé et bu à volonté, il lisait ses poèmes. Les mots fleuris et chargés d’émotion ont été adoptés par les constructeurs du moshavot (colonies agricoles juives) et ont exprimé leurs sentiments et leurs espoirs les plus profonds. Imber quitta finalement Eretz Yisrael, s’installant d’abord à Londres, puis à New-York, où il mourut sans le sou dans un hôpital public en 1909.

Encore appelée Tikvahtenou (Notre espoir), avec la totalité de ses 9 strophes, fut chantée la première fois en 1901 par les délégués du 5e congrès sioniste mondial de Bâle. Depuis le 6e congrès en 1905 il est devenu coutumier de chanter ses deux premières strophes à la fin du chaque congrès sioniste en tant qu’hymne non officiel. En 1933, lors du 18e Congrès sioniste, Tikvahtenou devient l’Hatikva (L’Espoir) et est officiellement choisie comme l’hymne de l’Organisation Sioniste Mondiale. Elle sera chantée lors de l’ouverture de la cérémonie de déclaration de l’Indépendance d’Israël le 14 mai 1948. Ce n’est qu’en 2004 que la Knesset conférera officiellement à l’Hatikva le statut d’hymne national de l’Etat d’Israël.

Hatikva était la chanson la plus populaire qui reflétait les espoirs et les aspirations sionistes. Plusieurs autres chansons, en particulier celle de Chaim Nachman Bialik, qui est considéré comme le poète national d’Israël, et le Psaume 126 (שיר המעלות בשוב ה ‘), étaient candidats à l’hymne pour le mouvement sioniste et plus tard pour l’État d’Israël, mais Hatikva a finalement conquis le cœur des gens.

Voici le poème,Tikvatenou, tel qu’il figurait à l’origine dans le livre d’Imber :
Texte manuscrit par Imber – Vers 1907

עוֹד לֹא אָבְדָה תִּקְוָתֵנוּ
הַתִּקְוָה הַנּוֹשָׁנָה
מִשּׁוּב לְאֶרֶץ אֲבוֹתֵינוּ
לְעִיר בָּהּ דָּוִד חָנָה.

כָּל עוֹד בִּלְבָבוֹ שָׁם פְּנִימָה
נֶפֶשׁ יְהוּדִי הוֹמִיָּה
וּלְפַאֲתֵי מִזְרָח קָדִימָה
עֵינוֹ לְצִיּוֹן צוֹפִיָּה.

כָּל עוֹד דְּמָעוֹת מֵעֵינֵינוּ
תֵּרֵדְנָה כְּגֶשֶׁם נְדָבוֹת
וּרְבָבוֹת מִבְּנֵי עַמֵּנוּ
עוֹד הוֹלְכִים לְקִבְרֵי-אָבוֹת.

כָּל עוֹד חוֹמַת-מַחְמַדֵּינוּ
עוֹד לְעֵינֵינוּ מֵיפַעַת
וַעֲלֵי חֻרְבַּן מִקְדָּשֵׁנוּ
.עַיִן אַחַת עוֹד דּוֹמַעַת

כָּל עוֹד הַיַּרְדֵּן בְּגָאוֹן
מְלֹא גְּדוֹתָיו יִזֹלוּ
וּלְיָם כִּנֶּרֶת בְּשָׁאוֹן
בְּקוֹל הֲמֻלָּה יִפֹּלוּן.

כָּל עוֹד שָׁם עֲלֵי דְּרָכַיִם
שָׁם שַׁעַר יֻכַּת שְׁאִיָּה
וּבֵין חָרְבוֹת יְרוּשָׁלַיִם
עוֹד בַּת-צִיּוֹן בּוֹכִיָּה.

כָּל עוֹד שָׁמָּה דְּמָעוֹת טְהוֹרוֹת
מֵעֵין-עַמִּי נוֹזְלוֹת
לִבְכּוֹת לְצִיּוֹן בְּרֹאש אַשְׁמוֹרוֹת
יָקוּם בַּחֲצִי הַלֵּילוֹת.

כָּל עוֹד רֶגֶשׁ אַהֲבַת-הַלְּאֹם
בְּלֵב הַיְּהוּדִי פּוֹעֵם
עוֹד נוּכַל קַוֵּה גַּם הַיּוֹם
כִּי יְרַחֲמֵנוּ אֵל זוֹעֵם.

שִׁמְעוּ אַחַי בְּאַרְצוֹת נוּדִי
אֶת קוֹל אַחַד חוֹזֵינוּ
« כִּי רַק עִם אַחֲרוֹן הַיְּהוּדִי
גַּם אַחֲרִית תִּקְוָתֵנוּ ».

I
Notre espoir est pas encore perdu,
L’ancien espoir,
Pour revenir à la terre de nos pères ;
La ville où David campa.
II
Tant que dans son cœur intérieur,
Une âme de Juif aspire toujours,
Et en avant vers les extrémités de l’Orient,
Son œil regarde toujours vers Sion.


III
Tant que les larmes de nos yeux
coulent comme une pluie bienveillante,
Et des foules de nos compatriotes
rendent hommage aux tombes de nos pères.

IV
Tant que notre précieux Mur
apparaîtra devant nos yeux,
Et au cours de la destruction de notre Temple
Un œil se remplit encore de larmes.

 V
Tant que les eaux du Jourdain
en plénitude gonfleront ses rives,
Et descendront jusqu’à la mer de Galilée
Avec un bruit tumultueux.
VI
Tant que sur les routes stériles
Les portes de la ville humiliées marquent,
Et parmi les ruines de Jérusalem
Une fille de Sion pleure encore.

VII
Tant que de pures larmes
coulent de l’œil d’une fille de ma nation
Et que le deuil de Sion à la veille de la nuit
Elle se lève encore au milieu des nuits.

VIII
Tant que le sentiment d’amour de la nation
bat dans le cœur d’un juif,
nous pouvons encore espérer encore aujourd’hui
qu’un Dieu courroucé ait pitié de nous.

 IX
Écoutez, ô mes frères dans les terres d’exil,
La voix d’un de nos visionnaires,[qui déclare]
que seulement avec le tout dernier juif,
seulement il y a la fin de notre espérance !

Seules deux des neuf strophes originales de Tikvatenou comprennent l’hymne national d’Israël, et même celles-ci ont été révisées à quelques reprises, notamment en inversant l’ordre des strophes. Ce qui suit est la version officielle de Hatikva telle qu’elle apparaît dans la loi sur le drapeau et l’emblème israélien:

כּל עו̇ד בַּלֵּבָב פְּנִימָה
נֶפֶשׁ יְהוּדִי הוֹמִיָּה
וּלְפַאֲתֵי מִזְרָח קָדִימָה
עַיִן לְצִיּוֹן צוֹפִיָּה.

עוֹד לֹא אָבְדָה תִּקְוָתֵנוּ
הַתִּקְוָה בַּת שְׁנוֹת אַלְפַּיִם
לִהְיוֹת עַם חָפְשִׁי בְּאַרְצֵנוּ
אֶרֶץ צִיּוֹן וִיְרוּשָׁלַיִם.

Tant que dans le cœur intérieur,
l’âme juive aspire,
Et vers les bords orientaux, en avant,
un œil regarde vers Sion.

Notre espoir n’est pas encore perdu,
l’espoir vieux de deux mille ans,
d’être une nation libre sur notre terre,
la terre de Sion, Jérusalem.

Allusions bibliques dans le Tikvatenou: un regard sur la chanson

La première strophe de l’original Hatikva (la deuxième strophe de l’hymne national d’aujourd’hui) contient deux puissantes citations bibliques, mais une seule d’entre elles a été conservée dans la version finale.

Vision d’Ézéchiel: la vallée des os secs

La première ligne de la première strophe se lit comme suit: «Notre espoir n’est pas encore perdu (עוד לא אבדה תקותינו)», exprimant la foi persistante dans la possibilité de retourner dans la patrie juive. Ces paroles sont basées sur la vision d’Ézéchiel des os secs (Ézéchiel 37:11) :

Puis il me dit: «Fils de l’homme, ces os sont toute la maison d’Israël; voici, ils disent: «Nos os sont desséchés et notre espérance est perdue; nous sommes parfaitement coupés.  »

Ces paroles de désespoir sont prononcées par les morts, qu’Ézéchiel a réveillés, et dans les os desquels il a insufflé un esprit renouvelé. Ils représentent le manque de foi d’Israël même en présence du grand miracle qu’ils ont vécu – leur propre résurrection. Imber renverse ces mots: «Notre espoir n’est pas encore perdu.» En d’autres termes, contrairement à la déclaration biblique, nous n’avons pas encore été rachetés ou ressuscités, mais notre espoir n’est pas perdu. Ainsi, il offre une référence au texte biblique mais transforme les paroles de défaite en paroles d’espérance courageuse.

La ville où David a campé: supprimer une insinuation messianique

La deuxième citation biblique importante dans la version originale du poème n’a pas été retenue dans la version officielle Hatikva que nous chantons aujourd’hui. La révision de cette ligne a été proposée par le Dr Yehuda Leib Matmon-Cohen (des années plus tard, fondateur de l’école Tel Aviv Gymnasia) vers 1905:

Naftali Herz Imber

Original (Imber)
Notre espoir n’est pas encore perdu,
L’ancienne espérance,
De retourner au pays de nos pères;
La ville où David campa.

Révisé (Matmon-Cohen)
Notre espoir n’est pas encore perdu,
l’espoir vieux de deux mille ans,
d’être une nation libre sur notre terre,
la terre de Sion, Jérusalem

Dc Matman Cohen

Ce verset est extrait de la prophétie d’Ésaïe de réprimande contre le peuple de Jérusalem, et il se lamente de ce que deviendra la ville. L’expression «ville où campa David» fait référence à Jérusalem, car c’est le roi David qui a établi la ville comme capitale d’Israël.

Matmon-Cohen a suggéré la révision, qui conserve l’expression du désir de Sion, mais supprime l’insinuation messianique, car le poème original crée une affinité entre les aspirations de générations des Juifs et du roi David, qui selon la tradition juive est l’ancêtre du Messie.

Cette révision, comme la suppression des strophes décrivant les pleurs sur la destruction, la prostration sur les tombes des ancêtres et les citations des chapitres bibliques sur la destruction, ont ouvert la voie à Hatikva pour devenir l’hymne national du mouvement sioniste, qui était composé principalement de Juifs laïques. Cette révision a changé la nature messianique du poème en celle d’une nation aspirant à sa patrie.

Références bibliques dans les strophes restantes du poème

Tikvatenou contient des citations bibliques supplémentaires, explorons-en quelques-unes.

Une pluie abondante

La troisième des neuf strophes originales déclare:

Tant que les larmes de nos yeux
coulent comme une pluie bienveillante,
Et des foules de nos compatriotes
rendent encore hommage aux tombes de nos pères.

L’expression «pluie bienveillante» vient des Psaumes 68:10: Vous avez libéré une pluie bienveillante, ô Dieu;
Quand ta propre terre languissait, tu l’as soutenue.

Le pathétique émotionnel de ce poème est typique de la génération d’Imber – pour lui, les larmes sont une «pluie bienveillante». Chaim Nachman Bialik, qui représente la génération suivante (et plus contenue) de poètes hébreux, les a réduits à «cette seule larme bouillante (דמעה הרותחת ההיא)» dans son poème de 1902 Levadi («Seul»), qui reflète une esthétique poétique différente que celle des poètes de la génération Imber.

Référence controversée à Dieu

La mention de Dieu dans le poème original posait également un problème à ceux qui voulaient que Hatikva soit l’hymne national. Par exemple, la huitième strophe contient une allusion aux Psaumes 7:12:

Tikvatenou :

Qu’un Dieu courroucé puisse encore avoir pitié de nous

Les Psaumes 7:12

Dieu justifie les justes;
Dieu prononce la colère chaque jour.

Cela a été exclu – en effet, Hatikva ne contient aucune référence à Dieu!

Références aux lamentations et à la destruction du temple

Bon nombre des citations bibliques originales sont des extraits des prophéties de destruction et du Livre des Lamentations. La ligne de la strophe 4, : Un œil jaillit encore de larmes,

par exemple, reprend les versets suivants:

Mon œil doit ruisseler et couler de larmes abondantes (Jér 13:17).

Mes yeux coulent d’eau (Lam 1:16).

La fin originale

Le poème original s’est terminé par une exclamation grandiloquente:

Seulement avec le tout dernier juif,
seulement il y a la fin de notre espérance !

Cette expression est incarnée dans le verset de Jérémie (29:11): Car je connais les pensées que je pense envers vous, dit l’Éternel, pensées de paix et non de mal, pour vous donner un avenir et une espérance.

Les paroles de réconfort du prophète semblent s’entremêler dans la proclamation de foi du poète. Ici aussi, Imber a cité ce verset de manière créative, car le message du poème est que seule l’anéantissement total du peuple juif peut éteindre l’espoir, tandis que la prophétie de Jérémie «un avenir et un espoir» est une expression positive des rêves de la rédemption facilitée par Dieu. Ici aussi, les fortes connotations religieuses de l’allusion peuvent être responsables de l’omission de la strophe.

Hatikva : une pénurie de références bibliques

Comme indiqué ci-dessus, de nombreuses allusions bibliques dans le poème original ont été abrégées et révisées hors de l’existence, peut-être en raison d’un désir de séculariser l’hymne national. Certaines références bibliques restent dans la version officielle, par exemple, le poème se termine par: Le pays de Sion, Jérusalem

Cela suit le modèle biblique, où Sion et Jérusalem apparaissent comme des parallèles synonymes. Une formulation similaire à celle de l’hymne se trouve à plusieurs endroits dans les prophètes, comme (Esaïe 24:23):

Car l’éternel des armées régnera sur le mont. Sion et à Jérusalem…

Pourtant, le poème minimise le message prophétique religieux et messianique, et le mont. Sion dans le verset – le site du Temple – devient le pays des sionistes, les amoureux de Sion.

Une chanson biblique en hébreu avant la montée de l’hébreu moderne

Le poème a été publié en 1886 (et apparemment écrit 1877-78), au moment du début du mouvement de renaissance de la langue hébraïque. Avant ce renouveau, la littérature et la poésie hébraïques modernes étaient en effet écrites et lues, mais l’hébreu parlé n’était pas largement utilisé pour la communication quotidienne. La Safa berura (Clear Language) Society, dont le but était de promouvoir la langue hébraïque en Eretz Yisrael et d’aider à connecter les juifs ashkénazes et séfarades via la langue hébraïque, n’a été fondée qu’en 1889.

Ainsi Imber a écrit ses poèmes à une époque où l’hébreu n’avait pas encore commencé à fonctionner comme langue de tous les jours. Pourtant, ils sont écrits dans un langage clair et naturel. L’hébreu prend vie dans les lignes qui émanaient de son cœur, semblent artificielles ou forcées.

Un grand pourcentage du vocabulaire de Tikvatenu (et, par conséquent, Hatikva) est biblique: des mots et des expressions tels que הומיה (aspire), צופיה (regards), נושנה (ancien), לפאתי (vers les coins les plus éloignés), קדימה (en avant) , בת ציון (Fille de Sion), יכת שאיה (détruit) et plus encore, représentent le registre biblique et le lexique. Ainsi, en plus de citer et de retravailler des expressions de versets bibliques, le choix des mots d’Imber et le style de ce poème (bien que pas dans la même mesure dans sa syntaxe) créent un air de vitalité biblique

Une prière moderne ou chapitre de Tehilim ?

Hatikva n’est pas une prière au sens accepté du mot, et certainement pas dans la version officielle qui sert d’hymne national d’Israël. Il ne fait pas appel à Dieu, mais se rapporte au noble, éternel et spirituel, et est donc considéré comme une prière par certains Juifs. Hatikva a été joué dans une grande variété d’arrangements musicaux et a été recruté à des fins politiques et liturgiques.

Dans de nombreuses synagogues, il est de coutume de chanter Hatikva à la fin du service de Yom Kippour, et de nombreux chanteurs ou chefs de prière (שליחי ציבור) chantent diverses prières sur l’air de Hatikva, pendant le service de Moussaf sur Roch Hachanah, par exemple, à la fin de Ne’ilah ou à la fin de la Haggadah de Pessa’h.

Malgré les objections de différents segments de la société israélienne, pendant plus de 130 ans, Hatikva a servi de psaume moderne pour le peuple juif. Ses divers types d’utilisations, bien que sélectionnés, du matériel biblique ont contribué à cimenter sa relation avec la communauté juive et l’ont fait sonner comme un psaume quasi biblique, bien que moderne, qui relie de manière profonde Hatikva à la tradition juive.

Cette connexion a rendu Hatikva canonique, non seulement officiellement, mais en tant que partie intégrante et puissante de la culture israélienne. Au fil des ans, ce poème, qui cite la Bible, est lui-même devenu une source de citation – pour une pléthore de chansons, slogans, affiches et expressions citant directement ou indirectement l’hymne national.

La nature para-liturgique du poème d’Imber peut être démontrée dans une ligne du poème de Nathan Alterman, Himnon U’mehavro (Un hymne et son auteur). Alterman a écrit son poème en 1953, lorsque les restes d’Imber ont été amenés à Jérusalem pour y être enterrés. Il demande:

Quel poème est si connu du peuple?
Peut-être seulement une poignée de prières dans le sidd
our.

Naftali Hertz Imber

Symbole de la lutte juive

Le chant de Hatikva a accompagné des points de repère sur le chemin de l’histoire juive depuis que ce poème a été écrit. Il a été chanté avec une grande vigueur dans le moshavot de la Première Aliyah lors des congrès sionistes dans les premières années du 20e siècle, et est chanté à chaque occasion nationale capitale à ce jour.

Laurent Hajdenberg – ULIF Marseille – septembre 2020

Principale source de cet article : Rabbi Dalia Marx, qui est professeur de liturgie et de midrash au Hebrew Union College-JIR (Jérusalem). Elle a obtenu son doctorat à l’Université hébraïque et son ordination rabbinique à HUC-JIR (Jérusalem et Cincinnati).

Rabbin Dalia Marx

Yiddish Mamme א יידישע מאמע

1er disque My Yiddishe Momme

Histoire & histoires du Peuple Juif

 

La chanson «My Yiddishe Momme», devenue un classique de la musique juive.

La chanson a été interprétée en 1925 par Sophie Tucker née en 1887 Sonya Kalish dans une famille juive quittant Toultchyn, en Ukraine (alors appartenant à l’empire russe) pour l’Amérique.

Sonya Kalish, dite Sophie Tucker (1887-1966)
Lew Pollack 1895-1946

Créée en 1925 par Lew Pollack (musique) né à New-York et Jack Yellen (paroles et musique) né en 1892 dans une famille juive en Pologne, Jacob Yellen a émigré avec sa famille aux États-Unis à l’âge de cinq ans.

Jacob Selig Yellen (1892-1991) dit Jack Yellen
La version originale en Yiddish est très triste, la mère symbolise implicitement un sentiment de nostalgie du « vieux monde », ainsi que la culpabilité de l’avoir laissé derrière en s’intégrant à la société américaine.

Je veux vous poser une question
Répond qui peut:
Avec quel cher objet
D.ieu bénit chacun?
On ne l’achète pas avec de l’argent
C’est donné gratuitement
Et pourtant si on la perd
Combien de larmes on verse!
Personne ne nous en donne une deuxième
On aurait beau se lamenter
Oh, celui qui l’a perdue
Sait déjà ce que je veux dire.
Une yiddishe mame,
Il n’y a rien de meilleur au monde.
Une yiddishe mame,
Quelle amertume que son absence.
Que la maison est belle et brillante
Quand la mame est là
Comme elle devient triste et sinistre quand D.ieu
Nous la reprend.
A travers l’eau et le feu
Elle courrait pour son enfant.
Ne pas la chérir
Est certainement le plus grand péché.
Oh, comme il est joyeux et riche, l’homme qui a
Ce beau cadeau donné par D.ieu
Juste une vieille yiddishe mame
Ma maman.
Qui s’est assis près de votre berceau
Jour et nuit
Et qui près de votre lit de malade
N’a jamais fermé l’oeil?
Qui a pour vous cuisiné et cuit,
travaillé comme un esclave
Qui userait pour son enfant
Ses dernières forces?
Qui vous trouve toujours précieux
toujours bon et sage
Qui donnerait pour vous
La dernière goutte de son sang?
Une yiddishe mame…

ikh vil bay aykh a kashye fregn,
zogt mir ver es ken:
mit velkhe tayere farmegns
bentsht got alemen?
men koyft es nit far keyne gelt;
dos git men nor umzist,
un dokh, az men farlirt dos,
vifl trern men fargist!
a tsveyte gibt men keynem nit
es helft nit keyn geveyn,
oy! ver es hot farloyrn,
der veyst shoyn vos ikh meyn.
a yidishe mame,
es gibt nit beser in der velt
a yidishe mame,
oy, vey, vi biter ven zi felt!
vi sheyn un likhtig iz in hoyz
ven di mame iz do;
vi troyerik fintster vert ven gotnemt ir oyf oylem habe!
in vaser un fayer,
volt zi gelofn far ir kind,
nit haltn ir tayer
dos iz gevis di greste zind;
oy, vi gliklekh un raykh iz der mentsh vos hot
aza sheyne matone geshenkt fun got
nor an altitshke yidishe mame
mame mayn!
ver iz aykh bay dem vigele gezesn
tog un nakht?
un ver hot bay ayer krankn bet
keyn oyg nit tsugemakht?
ver hot far aykh gekokht, gebakt,
gearbet un geshklaft,
un ver volt far ir kind
avekgeleygt ir letste kraft?
bay vemen zayt ir ale tayer,
ale fayn un gut?
ver volt far aykh gegebn
ir letste tropn blut?
a yidishe mame…

Les versions en anglais ou en français sont toutes très différentes, assez loin de l’originale,
en voici une interprétation parmi d’autres :
celle de Charles Aznavour

La Yiddishe mamma
Tendre force de la nature
La Yiddishe mamma
C’est de l’amour à l’état pur
Prête pour ses enfants
A faire bien des sacrifices
Veillant, bon an, mal an
Sur leurs chagrins, sur leurs caprices
Aussi
Forte face aux drames
Mais très faible avec ses petits
Dans l’eau ou les flammes
Pour eux elle jouerait sa vie
Ah mon Dieu qu’aurais-je fait de bien dis-moi
Sans la chaleur, sans la forte foi en moi
Sans l’amour de ma Yiddishe mamma
Mamma

La Yiddishe mamma
Gardienne de la tradition

La Yiddishe mamma
C’est le trésor de la maison
Dès notre premier cri
Elle organise, elle décide
Tout au long de sa vie
Elle nous couve mais nous guide
Aussi
Elle est la lumière
Qui luit quand on se sent perdu
Elle est la prière
Que l’on dit quand elle n’est plus
Moi je sais que jusqu’à la fin de mes jours
Je garderai gravé en moi pour toujours
Tout l’amour de ma Yiddishe mamma
Mamma

Cette chanson illustre le stéréotype dit de la mère juive, mère-courage d’une famille nombreuse. Mais actuellement, il est plus habituellement un stéréotype classique de l’humour juif, utilisé par les comédiens ayant des origines culturelles juives lorsqu’ils évoquent leurs relations (fictives ou vécues) avec leur mère.
Si le stéréotype de la Yiddishe Mamme trouve son origine dans le folklore des ghettos et des shtetls d’Europe centrale, l’État d’Israël représente un cas particulier. Les « mères juives » israéliennes, nées sur place ou issues de la Diaspora, offrent une trop grande diversité pour correspondre à l’archétype traditionnel. Celui-ci a donc évolué vers un équivalent plus mythique, celui de la « mère polonaise » (en hébreu : ima polania, אמא פולנייה), qui évoque l’univers du Yiddishland.
A Yiddishe Mamme reprend des classiques qui se fredonnent, se dansent et se laissent réinterpréter au fil des époques, des régions, des parcours et des histoires. Ces airs traditionnels aux influences slaves, balkaniques et orientales ont voyagé et ont rythmé la vie de générations, accompagnant les naissances, les mariages, les fêtes et les drames.
Réécoutez avec nous cette magnifique chanson

Et notre coup de cœur, la performance de nos amis du groupe Basilic Swing, lors d’un concert Klezmer mémorable dans notre synagogue.

From Yiddishland with love
Ella Hajdenberg – ULIF Marseille – décembre 2021

BRAVO pour ce site avec de belles chansons en yiddish ; celui qui finit ou commence l’année en chanson comme SERAH FILLE d’Acher qui Accompagnée de sa harpe annoncera la bonne nouvelle à son grand père Yaacov que son fils Yossef était vivant ; celui ou celle la mérite de grandes bénédictions
Paule