Commémoration des rafles de Marseille en janvier 1943 – Discours de Samuel Benhamou
Nous sommes une nouvelle fois réunis ensemble pour commémorer ces jours sombres de janvier 1943.
Il y a 80 ans
Nous sommes tous ensemble ici, place de l’opéra de manière solennelle pour poursuivre l’œuvre de vérité ouverte par notre ancien président Jacques Chirac en 1995 à qui nous devons aussi ce jour rendre hommage.
Son action a été poursuivie, son action a été réitérée et confirmée par les présidents qui lui ont succédé Nicolas Sarkozy, François Hollande et aujourd’hui encore par Notre président Monsieur Emmanuel Macron
Les rafles du quartier de l’opéra et du vieux port ont été avérés par les autorités de la République sans distinction,
Elles ont été documentées par tous les historiens, racontée avec souffrance et larmes précisions et minutie par les témoins de ces événements.
Elles ont été confirmées par des décisions de justice et encore une récente à Berlin qui a condamné Joseph Schultz, Il y a 4 ans.
Alors même qu’il n’y a plus de doute dans la conscience nationale certains sont encore là pour vouloir réviser le passé pour faire reculer la vérité pour nier l’évidence
Nous devons répondre à ces faussaires, à ces maquilleurs de l’histoire car se taire serait pire
Se taire constituerait une attitude complice qui serait inacceptable
Le 22 janvier 1 943 la rafle de l’opéra à Marseille a conduit 782 Juifs à la déportation
Elle a conduit 782 Juifs à une mort certaine au camp de « Sobibor »
Sur ordre des allemands, de concert avec les autorités françaises dès le surlendemain le 24 janvier 1943 le quartier Saint-Jean – la « petite Naples » comme on l’appelait jadis à Marseille est vidée de ses habitants 20 / 25000 personnes vont être évacuées 12000 vont être transférées de force à Fréjus 800 seront déportées en Allemagne.
Si ces crimes sont imprescriptibles et si une enquête peut toujours être instruite longtemps après les faits C’est parce que nous avons besoin de de cette vérité juridique pour reconstruire notre histoire.
C’est vrai les Allemands qui occupaient Marseille depuis 1 942 étaient à l’initiative de cette rafle mais ce n’est qu’avec la concertation et l’aide du régime de Vichy qu’elle n’a pu se faire.
René BOUSQUET, secrétaire d’État en charge de la police pour le régime de Vichy signe, avec un zèle inégalé, le 14 janvier 1 943 un ordre de mission 6 mois jour pour jour après la rafle du Vel d’HIV qui avait eu lieu en juillet 1 942 à Paris
En même pas une semaine, 12000 fonctionnaires français, gendarmes, policiers, garde mobile vont être mobilisés
Pour ces 782 juifs qui ont commis une seule faute celle d’être juif mais aussi pour tous ceux qui ont été arrêtés entre le 22 et le 23 janvier 1 943 mais aussi pour tous ceux qui ont été arrêtés par la suite et qui ne sont pas revenus ou qui lorsqu’ils sont revenus ont été mutilés marqués à jamais par le sceau de l’horreur, par le sceau de l’horrible, par le sceau de l’apocalypse Nous voulons aujourd’hui Honorer leur mémoire.
Nous ne pouvons faire nos propres arrangements avec le passé nos propres accommodements aussi subtils qu’ils soient avec l’histoire et dire : « ce n’était pas nous c’est eux »
Le gouvernement de Vichy était la France certes tous les Français n’adhèrent pas au gouvernement de vie mais c’est bien le gouvernement de vichy l’administration de vichy la police de vichy qui est venue ces jours-là chercher, traquer là où il se cachaient les juifs de Marseille
Les 23 et 24 janvier 1943 8 mois après la rafle du Vel d’hiv la police française, obéissant aux ordres du gouvernement de Pierre LAVAL, du commissaire général aux questions juives, Louis DARQUIER DE PELLEPOIX et du préfet René BOUSQUET a réitéré son œuvre macabre
Pas un seul allemand n’y prêta la main !
Certains voudraient réinventer l’histoire croire que ce n’est que sous le diktat allemand que nos policiers notre gouvernement de l’époque celui de vichy aurait agi
C’est faux Ce n’est pas l’histoire c’est se raconter des histoires
Certains au nom de la réconciliation ont préféré se taire,
Ils avaient tort
Fort heureusement pour le bien de la mémoire collective certains historiens de manière souterraine ont contribué à collecter des informations pour qu’aujourd’hui nous ne puissions plus dire nous n’étions pas informés.
Si l’on peut entendre que certains aient préféré rester muet aujourd’hui ce silence n’est plus acceptable pour les raisons que je vais vous exposer.
Avant peut-être on pouvait comprendre que la France qui sortait de la guerre déchirée nourrissait un besoin d’apaisement et de réconciliation.
Ce répit accordé qui a permis à notre nation de renaître de ses cendres de reprendre aux forces tel un phénix.
Nous devons comme un engagement pour les générations futures laisser place maintenant au travail de mémoire que ces travailleurs souterrains que ces travailleurs de l’ombre ont pendant des années, effectué pour rechercher la vérité
Les déchirures vives qui traversaient la société française ont pu faire primer l’apaisement et la réconciliation.
Nos sociétés ainsi s’offrent de ces répits pendants lesquels le travail de la mémoire reste souterrain, pendant lesquels les peuples reprennent leurs forces et doivent se réconcilier peu à peu pour reconstruire, avant de trouver les mots de vérité qui les guériront vraiment. Avant aussi de retrouver le courage collectif d’affronter les fautes et les crimes.
Notre Président François Mitterrand a institué la journée du souvenir permettant ainsi à ces travailleurs de la mémoire souterrains de sortir de l’ombre pour que désormais le nom de ceux qui ont été injustement raflés déportés humiliés traqués méprises mutilés assassinés ne soient pas oubliés.
Le temps a passé
Les témoins et les survivants ont parlé
Nos archives sont aujourd’hui remplies de leurs souvenirs nous devons ici remercier ses formidables historiens qui ont su collecter et saisir ces mémoires mutilées.
Notre société a mûri notre société a pu faire deuil nos archives sont désormais accessibles nos historiens continuent de travailler.
À l’entrée des camps de concentration il y avait cette devise ironique et méprisante lorsque l’on y pense Arbeit macht frei le travail rend libre
A cette cynique devise j’entends opposer la voix de nos historiens :
« le travail de mémoire rend digne »
La vérité a triomphé il fait jour
Cette vérité elle est aujourd’hui implacable irrévocable incontestable elle s’impose à nous tous.
La denier, l’amoindrir la masquer la cacher se taire serait une insulte à la mémoire collective.
Notre nation notre République a su reconnaitre ses fautes
Notre république et j’en suis fière s’est ainsi anoblie
C’est la grandeur de notre nation qui par la même a montré qu’elle était vivante qu’elle savait se retourner et regarder son passé
C’est le courage de notre nation que d’avoir réussi à faire son examen de conscience.
Savoir regarder son passé c’est créer son futur
L’aphorisme célèbre du Rabbi Nahman de Breslev prend tout son sens
« Souviens-toi de ton futur »
Car on ne peut au présent construire son futur si l’on ne regarde pas son passé
Il n’y a pas de honte à reconnaître sa faute on ne peut que ressortir grandi d’une telle justice
On ne peut que devenir plus fort
Le travail de mémoire le travail d’histoire c’est notre responsabilité car c’est grâce à ce travail que l’on peut réconcilier les peuples
C’est grâce à ce travail que l’on peut retisser des liens
C’est grâce à ce travail que chacun peut de manière apaisée trouver sa place.
La France de janvier 43 c’était aussi la France de la résistance qu’elle soit intérieure ou extérieure c’était la France de ceux qui au mépris de leur vie ont continué un combat dans la clandestinité
Ce travail de mémoire nous a permis aussi de rencontrer des personnes humaines et bienveillantes qui ont contribué à sauver leurs semblables
Ces héros qui par leurs interventions courageuses ont sauvé leurs voisins, de simples connaissances, ou encore même des inconnus qu’ils soient aujourd’hui remerciés car c’était aussi cela la France de janvier 43
Ils furent cette moisson de héros qui sauva la France et son honneur.
Nous songeons aussi à tous ces Français qui offrirent aux Juifs pourchassés un refuge hospitalier, une cachette sûre et permirent de trois quarts des juifs de France de ne pas connaître le sort tragique des raflés du 23 janvier.
Nous songeons à tous ces Justes avec fierté, cette fierté qui est devenue depuis le ciment de notre fierté nationale.
Mais à côté de ces héros, il y avait bien Vichy, il y avait bien l’Etat français.
Le gouvernement de Vichy n’est pas une parenthèse dans l’histoire même si cela en réconforte peut-être certains
Cela paraît commode mais cela reste à mensonge.
Et il y a aucune fierté aucune élégance à bâtir une nation sur un mensonge
Notre Président de La République Monsieur Emmanuel MACRON l’a rappelé en évoquant les rafles du Vel d’hiv disait :
Alors je vous le dis ce n’était pas les juifs qui étaient le cancer de notre république mais bien le racisme et l’antisémitisme qui étaient et qui continuent d’être les métastases de notre démocratie.
Racisme et antisémitisme étaient les deux fondements de cette macabre opération.
Racisme parce que Certains ont été arrêtés alors qu’ils étaient français tout simplement parce que leurs parents étaient étrangers
Antisémitisme parce qu’ils furent raflés en tant que juifs.
Ils ont été arrêtés
Ils ont été déportés dans des camps de transit et perdus d’angoisse inquiets pour leurs proches dont ils avaient été séparés
Ils ont connu des moments de douleur inexplicables indicibles
Parfois ils ne voyageaient même pas ensemble.
Ils ont été chargés comme des animaux dans des wagons plombés pour un voyage d’apocalypse qui les mènerait dès leur arrivée dans les cris, Les aboiements des chiens, les appels sans réponse, les coups, les hurlements, la solitude la plus sèche, la plus noire à une mort d’une violence obscène, avant que leurs corps sans vie, leurs corps ne soient humiliés par le four et la cendre ;
Ce supplice, leur supplice, qui défie l’entendement, qui défie les mots a commencé ici, le 23 janvier 1943 au matin, parce qu’en France dans la conscience de citoyen français, de dirigeants politiques français, de fonctionnaires français, de journalistes français, l’antisémitisme et le racisme avaient fait leur chemin insidieusement, lentement ; avait rendu l’infâme tolérable jusqu’à en faire une évidence, jusqu’à en faire une politique d’Etat : la politique collaborationniste.
C’est ainsi que ces atrocités les plus absolues ont pu advenir et que nous avons connu l’apocalypse.
Toutefois il serait faux de croire que le racisme et l’antisémitisme sont nés avec le régime de vichy l’antisémitisme sémitisme et le racisme gangrenaient la France bien avant.
Aujourd’hui d’autres sous le couvert de l’anonymat des réseaux sociaux se débraguette sans vergogne et continuent de répandre le spectre nauséabond de ces jours terribles
Aujourd’hui, la barbarie a trouvé d’autres subterfuges pour avancer elle se voile de l’anonymat des réseaux sociaux
La barbarie n’avance pas à visage découvert elle ne porte tout pas toujours l’uniforme des bottes
La barbarie se forge d’abord dans les esprits.
Ce sont les idées et les mots qui, progressivement font sauter les digues de nos consciences, font reculer la civilisation, qui nous habituent à écouter, à accepter des paroles que nous ne devrions même pas entendre.
Voilà pourquoi il nous faut commémorer nous rappeler de séjours terribles pour éviter la banalité de l’horreur
Nous faisons tous des efforts pour lutter contre ce qui pourrait nous conduire à de telles situations mais il faut rester les yeux ouverts comme une sentinelle pour éviter cette corruption de l’esprit
Il faut être attentif il ne faut pas être sourd ni aveugle il faut savoir regarder la réalité en face il faut savoir nommer les choses
Il ne faut pas faiblir L’antisémitisme le racisme sont encore présents dans bien des esprits ils sont polymorphes
Ils choisissent d’autres mots plus sournois comme antisionisme ils transportent un conflit moyen-oriental sur notre hexagone.
Mais personne ne sera dupe parce que nous continuerons d’être là parce que nous continuerons d’être les gardiens de cette mémoire
C’est notre rôle c’est notre travail c’est notre mission
Le temps a passé et notre mission est encore plus importante aujourd’hui.
Ce qui étaient les témoins de ces atrocités ont aujourd’hui disparu ou sont cacochymes pour autant il faut achever leur travail il nous faut continuer leur combat en restant vigilant attentif en restant humain
Car se taire serait la pire des tragédies
Car se taire serait une forme de lâcheté
Car se taire ce serait inévitablement retourner à des jours sombres
Se taire serait permettre de nouvelles tragédies comme celles de
Ilan HALIMI, Jonathan SANDLER et ses deux fils Arieh et Gabriel, Myriam MONSONEGO, Yohan COHEN, Philippe BRAHAM, François-Michel SAADA, Yoav HATTAB l’ont payé de leur vie. Brahim BOUARRAM aussi. Le père HAMEL aussi. Et malgré les dénégations du meurtrier, Sarah HALIMI.
Chaque synagogue, chaque mosquée, chaque église, chaque temple, chaque cimetière profané ou vandalisé doit nous alerter.
Théorie du complot planétaire, fantasmes sur la finance mondiale, iconographie insidieuse, angoisse identitaire mobilisant les clichés les plus toxiques, tout cela se diffuse à grande vitesse et atteint des esprits crédules ou perméables Comme celui de nos jeunes générations
Mais notre premier combat c’est celui de lutter et nous ne pouvons lutter que grâce à ce travail de mémoire indispensable
Nous luttons, nous ne luttons en ne permettant pas que les propos abjects qui avilissent les esprits restent impunis.
Nous luttons pour que les propos des bourreaux ne l’emportent pas.
Nous luttons lorsque nous sortons du silence
Dans la nuit des camps de concentration beaucoup ont continué de rester humain combien d’exemples avons-nous de déporter qui dans les camps réduit à un État d’indigence radicale habillé d’un pyjama rayé amaigris battus sous-alimentés ont continué d’être humain ont continué de défendre notre civilisation notre histoire
Pour cela aussi il ne faut pas oublier car ils ont bravé les tous les dangers
Notre devoir aujourd’hui est de continuer leur combat à accomplir notre tâche avec humanité
Parce que notre république notre démocratie est un projet qui chaque jour se construit et se déconstruit
Le risque de nos démocraties c’est de devenir somnambules amnésiques indifférentes et finalement d’accepter l’inacceptable par habitude par lassitude par manque de temps
Alors parfois il faut savoir se poser il faut savoir se remémorer il faut savoir se rappeler.
On ne peut construire qu’en ne cédant rien sur l’éducation sur la transmission de la mémoire sur la transmission de la culture
On ne peut construire sans jamais rien céder sur le combat contre l’obscurantisme contre l’ignorance sur le combat contre le racisme contre l’antisémitisme et aujourd’hui contre l’antisionisme
Nous devons sans relâche nous mobiliser chaque jour chaque minute chaque 2nde de notre vie
QU’EST-CE QUE LE SOUVENIR ?
Se souvenir, c’est d’abord donner une forme de vie à celui qui n’en a plus.
Les morts nous quittent mais continuent à vivre dans nos souvenirs.
Une forme d’immortalité se dégage du souvenir par autrui.
Dans le cas des 6 millions de victimes juives, mais aussi de toutes les autres dizaines de millions de pertes humaines liées à la Seconde Guerre mondiale, le souvenir est essentiel.
Autant d’êtres à qui la vie a été brutalement arrachée dans l’indifférence des nazis et des nations, qu’il faut faire revivre dans nos mémoires, en forme de respect.
C’est là tout l’intérêt de nos cérémonies, commémorations, et autres monuments dédiés aux victimes, à qui l’on donne le respect dont ils et elles ont manqué, en leur donnant l’immortalité.
Mais le souvenir a aussi une dimension didactique, il nous permet d’apprendre.
Le passé est une source inépuisable d’apprentissages, sur l’humain comme sur la société. Apprendre des erreurs commises au cours de l’histoire revient à apprendre, dans le cas de la Shoah, comment la haine a pu se propager, dans un contexte propice. La connaissance du passé nous apporte aussi, et surtout, la capacité de reconnaître certains signaux d’alerte, afin que l’histoire ne se répète pas.
Enfin, ce que les survivants des camps de la mort évoquent souvent en racontant leur histoire, c’est le besoin pour eux de rendre compte de l’inimaginable, de raconter ce qui n’aurait pas dû exister. Les architectes des génocides réalisent souvent l’irréalisable. Les nazis ont poussé la réalité au-delà de tout ce que l’imagination pouvait créer de pire. Connaître l’humain revient à savoir ce que l’humain peut faire de meilleur, mais aussi ce qu’il y a de plus mauvais en lui. Le souvenir partagé est donc la matérialisation de l’irréel.
POURQUOI NOUS SOUVENIR ?
Une question légitime, 80 ans plus tard, serait le « pourquoi nous ? » ou « pourquoi ce n’est pas aux historiens de se souvenir ? ».
Tout d’abord, car l’historien· ne peut, seul, faire survivre un souvenir. Aussi, le devoir de mémoire est un devoir qui incombe à chaque être humain, indépendamment de ses caractéristiques personnelles. Quiconque partage les valeurs qui font l’humain est tributaire d’un certain devoir de mémoire.
Le devoir de mémoire requiert simplement la poursuite de la connaissance. Apprendre, par l’école, les événements de la Seconde Guerre mondiale est un moyen efficace de transmettre la connaissance et le souvenir.
Au-delà de la dimension humaniste, le souvenir combat l’indifférence. En connaissant les horreurs de la guerre, nous ne pouvons être indifférents, lorsque l’histoire se répète.
Notre génération, plus que n’importe quelle autre auparavant, se doit de se poser des questions sur son devoir de mémoire. En faisons-nous assez ? Alors que les survivants des camps nazis disparaissent, que les souvenirs de ces mêmes survivants s’altèrent, comment l’histoire peut-elle continuer à exister dans nos mémoires ? Si la génération qui nous précède pouvait ignorer l’histoire, nous sommes la génération qui devra la raconter, lorsque personne ne pourra plus le faire.
COMMENT SE SOUVENIR ?
Heureusement, le souvenir peut être raconté et il l’a été, beaucoup, par celles et ceux qui ont survécu.
Parfois, les survivants ont accepté d’écrire de leur plume leurs épreuves. Ces autobiographies sont la matérialisation la plus aboutie du souvenir. Des mots couchés sur des pages qui pourront traverser les siècles. L’héritage du souvenir est là, à notre disposition, afin de ne plus répéter l’histoire. Contrôler ce que deviendront ces souvenirs, c’est là notre véritable responsabilité, qui doit retentir en chacun de nous.
Je reprendrai pour conclure Les paroles de primo Levi célèbrent survivant d’Auschwitz qui nous interpelle d’outre-tombe.
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
Samuel BENHAMOU
Président.
Marseille janvier 2023