Serge Hajdenberg

Il y a un an, le 5 mars 2021, mon cousin Serge Hajdenberg disparaissait.

Pour commémorer sa mémoire, je publie de nouveau l’article que j’avais écrit l’année dernière :

Le 17 juin 1981, Radio J, la première radio juive de France, a commencé à émettre sur les ondes FM. J’avais programmé de faire un article commémoratif en juin prochain, afin d’en célébrer le 40ème anniversaire, Malheureusement le décès de son fondateur : Serge Hajdenberg, vendredi dernier, le 5 mars, me fait faire un article aujourd’hui pour lui rendre hommage.

En préparant cet article, je me suis rendu compte que je pouvais pas dissocier les actions de Serge et celles de son jeune frère Henri, tant elles sont liées.

La famille Hajdenberg est originaire de Varsovie, elle immigre en France dans les années trente afin de fuir les pogroms, comme tant d’autres familles juives ashkénazes ! Serge est né en 1941 et Henri en 1947.

Très tôt les deux frères militent dans diverses associations.
Dans les années 60 Serge rejoint la LICA (ex- LICRA) et crée «les jeunes de la LICA», il lutte également avec Serge et Beate Klarsfeld pour que les crimes nazis ne soient jamais pardonnés et que la Shoah ne soit jamais oubliée (ce qui lui valut un séjour dans les prisons allemandes au début des années 70).
Il est également à l’origine du premier comité d’aide aux juifs d’URSS.

De son côté Henri alors étudiant en droit créé le CJA (Comité Juif d’Action) en 1973 afin de s’opposer aux groupes pro-palestiniens et aux gauchistes qui militaient contre Israël dans les universités (comme quoi l’islamo-gauchisme ce n’est pas nouveau!).

Ensemble, Serge et Henri, au sein du CJA et sous l’égide du FSJU, organisent le 30 mai 1976 les «12 heures pour Israël» dans le parc des expositions de la porte de Versailles à Paris.

Ceux (dont je fais partie) qui ont eu la chance d’y participer se souviennent avec plaisir de l’incroyable succès de cet évènement, plus de 100 000 visiteurs, en provenance de Paris et de toute la France, sont venus soutenir Israël ce dimanche de printemps. Pendant toute une journée, manifestations politiques (débats, discours, signatures de pétitions), et aussi culturelles et de loisirs (littérature, gastronomie, musique, animations pour enfants etc .) se succèdent en solidarité avec l’État Juif.

Dans ces années la politique anti-israélienne (voir même anti-sémite) du gouvernement Giscard est démontrée chaque jour :
En 1975 la France vend une centrale nucléaire à l’Irak
En 1976, suite au sauvetage par TSAHAL des otages d’Entebbé, suite au détournement de l’avion d’Air France par des terroristes arabes et d’extrême gauche (oups de nouveau cet islamo-gauchisme qui sévit depuis plus de 50 ans mais que certains ne veulent toujours pas voir!), le secrétaire d’Etat auprès du ministère des affaires étrangères Jean François Poncet, déclare: « Israël a violé la souveraineté du territoire ougandais. Il n’avait pas le droit. » Une déclaration stupéfiante qui dépasse l’entendement. Giscard félicitera même Amin Dada pour la libération des otage (sic!) peut-être faisait-il allusion au meurtre de Madame Dora Bloch le lendemain de la libération des otages, dans un hôpital ougandais par les sbires de ce même Amin Dada ?
En 1972 le groupe terroriste septembre noir assassine onze athlètes israéliens aux jeux olympiques de Munich, son leader abou daoud est arrêté en janvier 1977 à Paris. La République fédérale d’Allemagne et Israël attendent de la France qu’elle l’extrade afin de le juger. Après plusieurs jours d’hésitations, la France décide finalement de l’expulser pour . . . Alger ! ! !

Pour Henri cela est insupportable, il milite avec son groupe CJA lors des élections municipales de juillet 1977 afin que Jacques Dominati (du même parti que Giscard d’Estaing) perde les élections dans le secteur des 2ème et 3ème arrondissements de Paris, où réside une importante communauté juive. Des tracts sont distribués rappelant la libération d’abou daoud ainsi que l’ouverture d’un bureau de l’olp à Paris, ce tract se conclut par la sentence : «les Juifs ne voteront pas pour Dominati».
Dominati perd ces élections, le candidat socialiste Georges Dayan est élu.
Par cet action militante, c’est la première fois qu’au nom d’un «vote juif» un homme politique d’envergure nationale est battu.
Pour poursuivre son action, en 1979 Henri Hajdenberg (maintenant avocat) change le CJA qui devient le «Renouveau Juif», mouvement qu’il conduit avec son frère Serge.
A mon avis, le paroxysme de cette politique arrive le soir de l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic, le 3 octobre 1980, Giscard se contente d’envoyer un télégramme de condoléances à Jacob Kaplan, Grand Rabbin de France, et poursuit son week-end dans sa résidence. Quant à raymond barre, Premier ministre, déclare sur les lieux même de l’attentat : «Cet attentat odieux a voulu frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue, il a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic»
Donc pour le chef du gouvernement de l’époque, raymond barre, les juifs visés par l’attentat n’étaient ni français, ni innocents . . .

On comprend mieux le militantisme d’Henri Hajdenberg lors des élections présidentielles de mai 1981 appelant à «un vote sanction» contre giscard d’estaing.

Le 17 juin 1981, Radio J, qui a été fondé par des militants du Renouveau Juif, commence à émettre à 22 heures.Serge est l’un des animateurs et son président, les autres animateurs sont Suzy Hajdenberg, Jean-Michel et Yves Sokol, Guy Rozanowicz, Jacqueline Frydman ex Klugman.

A chaque fois que je passe rue des Rosiers, je me souviens de ma première visite dans leurs locaux, sous les combles du Hammam, que Serge m’avait fait visité, c’est le 3ème local (après la rue Borrégo et la rue du faubourg St Denis) que Radio J a occupé à ses débuts.

L’engagement des deux frères ne s’est jamais estompé, Henri a même été élu à la présidence du CRIF en 1995, et réélu en 1998 jusqu’en 2001.

Jusqu’à aujourd’hui, Serge a continué à faire une chronique hebdomadaire sur Radio J dont il était devenu Président d’Honneur.
En juillet 2018, Serge a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur, il a reçu sa médaille de son ami Serge Klarsfeld.

Serge avait la double nationalité française et israélienne, il prévoyait de faire son Alya depuis longtemps mais sa longue maladie et la covid l’en empêchaient, malgré ces problèmes sa «montée» en Israël était prévue cette semaine. C’est peut-être le seul projet que le «Lion» comme le surnommait affectueusement ses amis, n’a pu mener à son terme.

Serge a été inhumé jeudi 11 mars à Tel Aviv dans le cimetière Yarkon.

Je présente mes condoléances à sa femme Suzy, ses filles Noémie, Yaël, Judith et Déborah, ainsi qu’à ses 16 petits-enfants et ses deux arrières petites-filles.

Repose en paix Serge,
Adieu mon Cousin.

Laurent Hajdenberg – ULIF Marseille – mars 2021